
Une journée avec Karine Tuil
Elle - 2013
Son nouveau roman, « L’Invention de nos vies » (Grasset), est l’un des plus forts de la rentrée. Il est en course pour les prix littéraires et trône en tête des meilleures ventes.
07.00 « Maman, viens me chercher » : tous les matins se ressemblent ! J’ai trois enfants, une fille de 15 ans et deux fils de 17 et 5 ans. C’est mon dernier qui me réveille. Le petit déjeuner est un des moments que je préfère, même si je suis totalement hypocondriaque (d’ailleurs, j’ai épousé un médecin) et si, chaque jour, j’ai mal quelque part : tête, ventre, yeux ! Avant de me mettre au travail, je vais marcher ou courir. Il y a, dans l’écriture, une musicalité et un souffle qui sont proches de la course. Cet exercice libère quelque chose dans mon imagination, raison pour laquelle j’ai toujours avec moi non pas une bouteille d’eau mais un carnet de notes ! J’adore aussi observer, inventer des vies, et il m’arrive de m’asseoir pour regarder passer les gens qui deviendront peut-être des personnages de roman. De retour chez moi, je m’installe sur le canapé du salon (je n’ai pas de bureau). Bizarrement, alors que je ne fume pas, j’ai toujours une cigarette à portée de main ou même dans la bouche, mais jamais allumée. Peut-être une certaine nostalgie de mon enfance où nous vivions dans un nuage de fumée !
10.00 Je passe mon coup de fil quotidien à ma mère, sinon elle s’inquiète. Elle est à la fois ma psychanalyste et une redoutable critique littéraire ! Je me libère de mes angoisses sur elle, mais on parle aussi beaucoup de littérature, car c’est elle qui m’en a donné le goût. Je ne rends jamais un manuscrit sans qu’elle l’ait relu.
13.00 Il m’arrive de déjeuner avec des amis proches comme Véronique Olmi, David Foenkinos, Michèle Fitoussi… Echanger intellectuellement fait partie des choses importantes de ma vie. Mais, plus souvent, je reste à la maison travailler jusqu’à 16 h 30, moment où je vais chercher Raphaël à l’école. On prend le goûter. J’aime passer du temps avec mes enfants, discuter de nos journées respectives. Puis, chacun va dans sa chambre, je réponds à mes mails, je me promène sur Twitter. Comme je suis quelqu’un de solitaire, les réseaux sociaux m’ont beaucoup apporté. Ce sont des lieux de partage et de savoir. J’y ai fait la connaissance de gens comme Eric Rochant, par exemple, qui est devenu un ami. Ou Gilles Jacob, qui m’a envoyé sa liste de films préférés. Pour moi, c’est culte ! On doit se voir « en vrai »…
18.00 « Soyez ordonnés dans votre vie pour être créatifs dans votre œuvre », disait en substance Flaubert. J’ai besoin de rituels. En fin de journée, je donne le bain à mon fils
et je prépare le dîner. Les lectrices de ELLE vont me détester, mais je fais un repas pour chacun ! Le premier va vouloir des pâtes sauce tomate, le deuxième, du poisson avec des frites et la troisième, une pizza. Les enfants dînent à 19 heures. Moi, j’attends mon mari pour passer à table. Il n’est pas difficile et se contente de ce qui reste, frites, pizza ou pâtes ! Et on en profite pour parler. Beaucoup. C’est lui, qui, le premier, lorsque j’avais 19 ans, m’a poussée à écrire. Il photocopiait mes manuscrits pour les envoyer aux éditeurs.
22.00 On ne regarde pas la télé mais on va très souvent au cinéma. On se couche vers minuit et demi et on lit un peu avant de s’endormir. Un roman d’Emmanuel Carrère, de Philip Roth, ou d’un auteur de la rentrée littéraire.
Elle - 2013
Son nouveau roman, « L’Invention de nos vies » (Grasset), est l’un des plus forts de la rentrée. Il est en course pour les prix littéraires et trône en tête des meilleures ventes.
07.00 « Maman, viens me chercher » : tous les matins se ressemblent ! J’ai trois enfants, une fille de 15 ans et deux fils de 17 et 5 ans. C’est mon dernier qui me réveille. Le petit déjeuner est un des moments que je préfère, même si je suis totalement hypocondriaque (d’ailleurs, j’ai épousé un médecin) et si, chaque jour, j’ai mal quelque part : tête, ventre, yeux ! Avant de me mettre au travail, je vais marcher ou courir. Il y a, dans l’écriture, une musicalité et un souffle qui sont proches de la course. Cet exercice libère quelque chose dans mon imagination, raison pour laquelle j’ai toujours avec moi non pas une bouteille d’eau mais un carnet de notes ! J’adore aussi observer, inventer des vies, et il m’arrive de m’asseoir pour regarder passer les gens qui deviendront peut-être des personnages de roman. De retour chez moi, je m’installe sur le canapé du salon (je n’ai pas de bureau). Bizarrement, alors que je ne fume pas, j’ai toujours une cigarette à portée de main ou même dans la bouche, mais jamais allumée. Peut-être une certaine nostalgie de mon enfance où nous vivions dans un nuage de fumée !
10.00 Je passe mon coup de fil quotidien à ma mère, sinon elle s’inquiète. Elle est à la fois ma psychanalyste et une redoutable critique littéraire ! Je me libère de mes angoisses sur elle, mais on parle aussi beaucoup de littérature, car c’est elle qui m’en a donné le goût. Je ne rends jamais un manuscrit sans qu’elle l’ait relu.
13.00 Il m’arrive de déjeuner avec des amis proches comme Véronique Olmi, David Foenkinos, Michèle Fitoussi… Echanger intellectuellement fait partie des choses importantes de ma vie. Mais, plus souvent, je reste à la maison travailler jusqu’à 16 h 30, moment où je vais chercher Raphaël à l’école. On prend le goûter. J’aime passer du temps avec mes enfants, discuter de nos journées respectives. Puis, chacun va dans sa chambre, je réponds à mes mails, je me promène sur Twitter. Comme je suis quelqu’un de solitaire, les réseaux sociaux m’ont beaucoup apporté. Ce sont des lieux de partage et de savoir. J’y ai fait la connaissance de gens comme Eric Rochant, par exemple, qui est devenu un ami. Ou Gilles Jacob, qui m’a envoyé sa liste de films préférés. Pour moi, c’est culte ! On doit se voir « en vrai »…
18.00 « Soyez ordonnés dans votre vie pour être créatifs dans votre œuvre », disait en substance Flaubert. J’ai besoin de rituels. En fin de journée, je donne le bain à mon fils
et je prépare le dîner. Les lectrices de ELLE vont me détester, mais je fais un repas pour chacun ! Le premier va vouloir des pâtes sauce tomate, le deuxième, du poisson avec des frites et la troisième, une pizza. Les enfants dînent à 19 heures. Moi, j’attends mon mari pour passer à table. Il n’est pas difficile et se contente de ce qui reste, frites, pizza ou pâtes ! Et on en profite pour parler. Beaucoup. C’est lui, qui, le premier, lorsque j’avais 19 ans, m’a poussée à écrire. Il photocopiait mes manuscrits pour les envoyer aux éditeurs.
22.00 On ne regarde pas la télé mais on va très souvent au cinéma. On se couche vers minuit et demi et on lit un peu avant de s’endormir. Un roman d’Emmanuel Carrère, de Philip Roth, ou d’un auteur de la rentrée littéraire.