Longtemps j’ai pensé que le jour où je parviendrais à publier un livre sur mon père, je cesserais définitivement d’écrire »
Ecrire sur son père : tel est le contrat signé par la narratrice avec un grand éditeur. Comment aborder cet homme-caméléon, juif engagé auprès de la cause palestinienne, époux en apparence convenable qui installa sous le toit familial une russe énigmatique, chirurgien humaniste aux pulsions suicidaires ? Pour venir à bout de cet ouvrage impossible, la narratrice va se glisser dans la peau d’un personnage fictif, le fils qu’elle a toujours rêvé d’être : Adam. Lui apparaissent alors les secrets d’une vie baignant dans les mensonges et l’illusion, la manipulation des êtres et des mots. Entre répulsion et domination, érotisme et cruauté, chimère et réalité, masculin et féminin, lumière et ombres, c’est un ballet des sentiments troubles que Karine Tuil chorégraphie dans ce roman vitruose. Galerie
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Revue de presse
Le Monde des Livres vendredi 29 août 2008 Critique d'Emilie Grangeray "La domination", les secrets du caméléon
Doué en tout. Surtout pour brouiller les pistes. Deux identités. Deux pays. Deux cultures. Deux appartements. Deux vies. Et pourtant, un seul homme. Tel est le père de la narratrice du dernier et remarquable roman de Karine Tuil. Qui était cet ancien chef du service d'urologie d'un grand hôpital parisien, pionnier de la médecine humanitaire aux pulsions suicidaires, ce juif antisémite, ce champion de la morale qui fit cohabiter sous le même toit sa famille officielle - une femme issue de l'aristocratie catholique et leurs deux enfants - et l'officieuse - une jeune juive russe avec laquelle il aura eu deux garçons ?
C'est ce qu'essaie de savoir sa fille qui, pressée par un éditeur aussi mystérieux que pervers, tente d'écrire pour comprendre. Comprendre ce caméléon capable de s'adapter à n'importe quel milieu, et de "s'assimiler jusqu'à prendre l'apparence de l'Autre". Pour ce faire, elle se glisse dans la peau du fils qu'il aurait voulu avoir : "Je serai le mâle (...), la part d'ombre. Je serai la part juive, opaque, ténébreuse, virilisante." Adam (puisque c'est ainsi qu'il avait décidé de l'appeler) se met en quête de ses origines. Pourquoi avoir changé de nom, avoir préféré Lance à Lansky ? Par instinct de survie ? Honte ? Désir d'oubli ? D'assimilation ?
"SOUVIENS-TOI !"
Quels sont ces personnages qui, à force de vivre dans le déni et le secret, d'entretenir les illusions et de préserver on ne sait quelles apparences, finissent par se mentir à eux-mêmes ? "Nourris au lait noir de l'effacement, nous buvions les paroles de notre père (qui) avait passé sa vie à (...) dissimuler son identité", écrit Adam, s'interrogeant, dès lors, sur ce qu'il pouvait trouver à cette femme pas vraiment plus belle qu'une autre. Quel est ce lien qui les unissait, sinon celui avec un peuple, et avec son propre père, vieux Russe fou en train de mourir ? Mais jusqu'où peut-on aller dans la négation de son identité ? Jusqu'à ne plus savoir qui l'on est, comme le protagoniste d'Interdit (Plon, 2001), dans lequel Karine Tuil écrivait : "La mémoire est une vieille juive hystérique, tu lui dis de se taire, elle hurle encore plus fort, Souviens-toi !, Souviens-toi ! Tu n'as plus d'autre choix que de lui obéir."
La mémoire, le poids de l'histoire, la comédie sociale, les relations amour-haine (voir notamment Tout sur mon frère, Grasset, 2003) ont toujours habité les textes de Karine Tuil, mais la thématique première et principale reste la quête identitaire. Avec humour souvent, avec plus de gravité parfois comme dans Douce France (Grasset, 2007), ici avec douleur, elle dit les mensonges devenus trahisons. Quitte à troubler, à déranger, elle interroge la réalité, souvent plus ambitieuse que la fiction : "Nous pouvons bien la travestir (...), nous pouvons essayer de la rendre décente, elle se déshabille toujours pour nous montrer sa vérité."
Avant critique de LIvres Hebdo du 22 août 2008 par Véronique Rossignol Manipulation en eaux troubles dans un roman psychologique de Karine Tuil situé dans le monde de l'édition.
Après un précédent roman social et dénonciateur; plutôt documentaire, autour des sans-papiers, Karine Tuil revient à des intrigues plus psychologiques en racontant une histoire de jeux de pouvoir dans le milieu de l'édition........ C'est aussi à travers ce prisme que judéité, assimilation, tyrannie des origines, culpabillité, refoulement identitaire, grands thèmes chers à la romancière, sont tissés plutôt habilement dans la trame du drame psychologique et de la peinture sociale.
"Le Nouvel Observateur " daté du jeudi 21 août 2008 Article de Sophie Delassein intitulé "Double jeu"
«Le désir d'être quelqu'un d'autre m'obsède», confesse Karine Tuil, dont les récits sont traversés de personnages à double ou triple vie. Elle est l'écrivain des apparences trompeuses et du secret. L'ambiguïté est à nouveau la reine du bal dans «la Domination», son septième roman. La narratrice : un écrivain, justement, dont les deux livres sont jusque-là passés inaperçus. Elle a entrepris d'écrire la vie de son père, le défunt Jacques Lansky, à l'invitation d'un éditeur légendaire. «Renoncez à être l'élève appliquée : écrivez !», ordonne le mentor. Pour mieux la manipuler, il la séduit. Et elle, Mlle Lansky, de peur de ne pas venir à bout de cet ouvrage, se mue, par la plume, en garçon, et devient Adam. Virtuose, Karine Tuil mène de front deux récits en un : celui d'Adam rédigeant les chapitres commandés et celui de la fille de Jacques Lansky, amoureuse de l'éditeur, découvrant des bouts de vérités sur un père qu'elle croyait connaître. Chef de famille, médecin réputé, grand séducteur, juif honteux fustigeant le sionisme, Jacques Lansky fascine. Que sa maîtresse, une Russe qu'il fait passer pour son assistante, soit venue accoucher dans l'appartement familial fait finalement de lui un polygame ordinaire. «Je mens par amour, par lâcheté, par habitude, goût du secret», confiait-il à ses carnets. Il y a bien d'autres tiroirs à ouvrir après sa mort. D'ailleurs, quand sa fille ouvrira le dernier d'entre eux, on comprendra pourquoi l'éditeur voulait absolument ce livre. Le récit porte sur les équivoques sexuelles mais surtout identitaires. «Jacques Lansky est un homme qui n'a pas su composer avec son identité», délibère l'auteur. Cela explique que le personnage central de son roman ait laissé, avant de se pendre dans son bureau, ce mot : «Je ne peux plus, pardon.» Karine Tuil, elle, démontre un art incomparable pour tenir son lecteur en haleine et dénouer les intrigues les plus complexes.
Dimanche 14 septembre 2008 Le Journal du Dimanche "Trouble, ambigu, pervers, scandaleux." "La domination est une réussite. " "Son meilleur livre" Bernard Pivot de l'Académie Goncourt
Pour son septième roman, Karine Tuil a choisi un sujet casse-gueule. Son audace est récompensée. La Domination est une réussite. Son meilleur livre. Parce que, à l'image de ses personnages, il est ambigu, pervers, scandaleux. Surtout, parce que Karine Tuil possède aujourd'hui une maîtrise de l'écriture qui lui permet, tels les champions de canoë-kayak, de se faufiler entre les écueils et d'aborder tourbillons et remous avec une énergique habileté. La Domination est d'abord celle de l'écrivain sur son style.
La jeune narratrice a eu un père juif qui, comme certains portraits de Picasso, avait deux visages. Le premier, public, controversé, était celui d'un brillant urologue, pionnier de la médecine humanitaire, généreux, cultivé, qui avait choisi la Palestine contre Israël. Ses engagements et son livre (Israël, une histoire de domination) lui valaient soit de passer pour un homme courageux et exemplaire, soit d'être considéré comme un traître antisémite. Il y avait de l'exigence dans son attitude, du défi. De la morale aussi, alors que, rentré chez lui, il n'en avait plus aucune. Passe encore de satisfaire sans vergogne son goût immodéré pour les femmes des autres, mais imposer sa jeune maîtresse russe et leur enfant au domicile conjugal, à son épouse, à leurs trois enfants? Ce séducteur cynique avait fait "de l'errance sexuelle un substitut à l'exil juif". Il était impulsif et calculateur, coléreux et comploteur. Un grand artiste de la manipulation intellectuelle et sentimentale.
Comment la narratrice, qui a déjà publié des livres, ne se sentirait-elle pas invitée, après l'énigmatique suicide de son père, à se lancer dans son portrait? D'autant qu'elle y est poussée par "un grand éditeur": "Vous allez écrire ce livre et les gens vont l'adorer, vous savez pourquoi ? Parce que vous allez faire le portrait d'un juif amoral et que les gens en ont assez de la figure du juif élu, humain et responsable [...] Quel sujet! Votre père, l'icône humanitaire, marié à une chrétienne aux allures de sainte, le super-héros juif venu sauver le monde arabe, le grand bourgeois aux allures christiques, avait fait venir une Israélienne dans sa propre maison avant de repartir avec elle passer ses vieux jours sur les rives du Jourdain, où il finirait peut-être par marcher sur l'eau !"
Il est convaincant, l'éditeur, n'est-ce pas ? Ce livre, ce sera son dernier enjeu avant de prendre sa retraite. Lui-même juif, sa personnalité, sa renommée, sa culture, sa mémoire, son autorité sont impressionnantes. La jeune femme ne résiste pas au vieux séducteur. Elle se retrouve dans son lit et dans son programme. Il la bouscule et il l'encourage. Il l'humilie et il la délivre. Il lui est odieux et nécessaire. Elle l'aime. Lui aussi manipulateur, bonimenteur, flatteur, provocateur, il sait y faire. Peut-être tient-il particulièrement à ce livre sur ce médecin juif dont même les qualités étaient suspectes, parce qu'il se reconnaît dans ses manières sauvages de refuser les idées reçues, de piétiner l'intellectuellement correct, de jeter par-dessus bord les convenances et l'hypocrisie?
Et elle-même, n'est-elle pas subjuguée par l'éditeur parce qu'il lui rappelle quelqu'un, si proche et si mystérieux, dont elle était la fille intermittente avant d'en devenir la biographe ? Ou, plutôt, le romancier. Car elle a choisi d'écrire une fiction au masculin, comme si elle était le fils, le mâle, Adam, qu'il espérait quand elle est née. Façon déjà d'affirmer à la fois son refus de se laisser dominer et son désir de lui être posthumement agréable. Elevée dans l'ambiguïté, dans le clair-obscur, dans l'équivoque, elle s'y maintient et même s'y plonge encore plus à travers sa relation avec un éditeur pervers. Elle doit se montrer à la hauteur de l'un et de l'autre. N'être dupe ni de l'un ni de l'autre. Se servir de l'un pour mieux comprendre l'autre.
Jusqu'au jour où elle découvre, stupéfaite, atterrée, qu'ils ont été des amis intimes, que l'éditeur a peut-être été l'amant de sa mère - celle-ci le traite maintenant de "sale type" - et qu'il avait refusé de publier le livre scandaleux de son père. Ils n'auront cessé l'un et l'autre de l'égarer en brouillant les pistes.
C'est ce que fait également Karine Tuil avec le lecteur. La manipulation, la provocation, le trouble, elle sait aussi en jouer. Peut-être la fin du roman est-elle trop calculée et psychanalytique ? Mais c'est un juif, après tout, qui a inventé la psychanalyse.
PS - De quel éditeur Karine Tuil s'est-elle inspirée? se demande le Tout-Paris littéraire, c'est-à-dire la moitié du Flore et un quart de la Closerie des lilas. Je crois bien les connaître et n'en ai reconnu aucun. Ou, alors, tous!
"Trouble, ambigu, pervers, scandaleux." "La domination est une réussite. " "Son meilleur livre" Bernard Pivot de l'Académie Goncourt
Pour son septième roman, Karine Tuil a choisi un sujet casse-gueule. Son audace est récompensée. La Domination est une réussite. Son meilleur livre. Parce que, à l'image de ses personnages, il est ambigu, pervers, scandaleux. Surtout, parce que Karine Tuil possède aujourd'hui une maîtrise de l'écriture qui lui permet, tels les champions de canoë-kayak, de se faufiler entre les écueils et d'aborder tourbillons et remous avec une énergique habileté. La Domination est d'abord celle de l'écrivain sur son style.
La jeune narratrice a eu un père juif qui, comme certains portraits de Picasso, avait deux visages. Le premier, public, controversé, était celui d'un brillant urologue, pionnier de la médecine humanitaire, généreux, cultivé, qui avait choisi la Palestine contre Israël. Ses engagements et son livre (Israël, une histoire de domination) lui valaient soit de passer pour un homme courageux et exemplaire, soit d'être considéré comme un traître antisémite. Il y avait de l'exigence dans son attitude, du défi. De la morale aussi, alors que, rentré chez lui, il n'en avait plus aucune. Passe encore de satisfaire sans vergogne son goût immodéré pour les femmes des autres, mais imposer sa jeune maîtresse russe et leur enfant au domicile conjugal, à son épouse, à leurs trois enfants? Ce séducteur cynique avait fait "de l'errance sexuelle un substitut à l'exil juif". Il était impulsif et calculateur, coléreux et comploteur. Un grand artiste de la manipulation intellectuelle et sentimentale.
Comment la narratrice, qui a déjà publié des livres, ne se sentirait-elle pas invitée, après l'énigmatique suicide de son père, à se lancer dans son portrait? D'autant qu'elle y est poussée par "un grand éditeur": "Vous allez écrire ce livre et les gens vont l'adorer, vous savez pourquoi ? Parce que vous allez faire le portrait d'un juif amoral et que les gens en ont assez de la figure du juif élu, humain et responsable [...] Quel sujet! Votre père, l'icône humanitaire, marié à une chrétienne aux allures de sainte, le super-héros juif venu sauver le monde arabe, le grand bourgeois aux allures christiques, avait fait venir une Israélienne dans sa propre maison avant de repartir avec elle passer ses vieux jours sur les rives du Jourdain, où il finirait peut-être par marcher sur l'eau !"
Il est convaincant, l'éditeur, n'est-ce pas ? Ce livre, ce sera son dernier enjeu avant de prendre sa retraite. Lui-même juif, sa personnalité, sa renommée, sa culture, sa mémoire, son autorité sont impressionnantes. La jeune femme ne résiste pas au vieux séducteur. Elle se retrouve dans son lit et dans son programme. Il la bouscule et il l'encourage. Il l'humilie et il la délivre. Il lui est odieux et nécessaire. Elle l'aime. Lui aussi manipulateur, bonimenteur, flatteur, provocateur, il sait y faire. Peut-être tient-il particulièrement à ce livre sur ce médecin juif dont même les qualités étaient suspectes, parce qu'il se reconnaît dans ses manières sauvages de refuser les idées reçues, de piétiner l'intellectuellement correct, de jeter par-dessus bord les convenances et l'hypocrisie?
Et elle-même, n'est-elle pas subjuguée par l'éditeur parce qu'il lui rappelle quelqu'un, si proche et si mystérieux, dont elle était la fille intermittente avant d'en devenir la biographe ? Ou, plutôt, le romancier. Car elle a choisi d'écrire une fiction au masculin, comme si elle était le fils, le mâle, Adam, qu'il espérait quand elle est née. Façon déjà d'affirmer à la fois son refus de se laisser dominer et son désir de lui être posthumement agréable. Elevée dans l'ambiguïté, dans le clair-obscur, dans l'équivoque, elle s'y maintient et même s'y plonge encore plus à travers sa relation avec un éditeur pervers. Elle doit se montrer à la hauteur de l'un et de l'autre. N'être dupe ni de l'un ni de l'autre. Se servir de l'un pour mieux comprendre l'autre.
Jusqu'au jour où elle découvre, stupéfaite, atterrée, qu'ils ont été des amis intimes, que l'éditeur a peut-être été l'amant de sa mère - celle-ci le traite maintenant de "sale type" - et qu'il avait refusé de publier le livre scandaleux de son père. Ils n'auront cessé l'un et l'autre de l'égarer en brouillant les pistes.
C'est ce que fait également Karine Tuil avec le lecteur. La manipulation, la provocation, le trouble, elle sait aussi en jouer. Peut-être la fin du roman est-elle trop calculée et psychanalytique ? Mais c'est un juif, après tout, qui a inventé la psychanalyse.
PS - De quel éditeur Karine Tuil s'est-elle inspirée? se demande le Tout-Paris littéraire, c'est-à-dire la moitié du Flore et un quart de la Closerie des lilas. Je crois bien les connaître et n'en ai reconnu aucun. Ou, alors, tous!
Le point N° 1878 Article de Gilles PUDLOWSKI
"Karine Tuil sait jouer avec la noirceur, faire de la répulsion un atout, décrire une attirance / haine avec aisance. Et c'est cette facilité qui fait le poids et le prix de son récit...."
"On marche, on suit le mouvement sans se lasser et à la fin, on est piégé. Même si l'on se retient, on est tenté d'applaudir"
Le Soir Belgique- 5 septembre 2008 Les deux voix de Karine Tuil par Lucie CAUWE
"C'est un roman virtuose qu'orschestre Karine Tuil dans La domination. Un livre qui, comme ses précédents, tourne autour de la quête identitaire mais traite aussi du rapport de force qui peut s'installer entre les humains. Deux voix s'y élèvent en parallèle, contant plusieurs histoires, parfois identiques, parfois différentes. Ces textes s'imbriquent savamment l'un dans l'autre et constituent un livre fort, mais sensible, dont les phrases fluides et précises coulent harmonieusement".
Questions femmes Novembre 2008
" Un roman magnétique et fascinant ! "
Magazine Lire Novembre 2008
L'échange amoureux en mode vibreur
Trois romancières trentenaires racontent les intermittences du coeur.
Jalousie, désenchantement et inconstance Par Marion Cocquet
30 octobre 2008 L'express Le vif
Week end Belgique Entretien de Karine Tuil par Keren Elkaim
En lice pour plusieurs prix littéraires, Karine Tuil peut être fière de son roman La domination. Ses héros sont aussi doubles que les faces de dominos. A force de se livrer à un tango avec leurs sombres ombres, ils risquent de tout ébranler. Et ce, jusqu'à la dernière pièce... L'écrivain joue même la carte du masculin/féminin dans sa tenue, composée d'un costard noir et d'un chemisier à carreaux violet. Elle préfère néanmoins voiler sa vie privée pour privilégier les dualités de sa plume
L'OFFICIEL octobre 2008
Mensonge et trahison "le dernier et remarquable roman de Karine Tuil" par Emilie Grangeray
14 octobre 2008 TF1
"Au Field de la Nuit"
REGARDS (Belgique)
Revue du centre communautaire laic juif de Belgique
Karine Tuil manie habilement la plume, l’ironie et les sentiments.
Le double, la dualité ou la duplicité mensongère donnent à son nouveau roman un souffle inédit
FEMME ACTUELLE n° 1255 ( du 13 au 19 octobre 2008) Les démons de la domination par Brigitte Kernel
Ce roman est singulier par son thème et sa construction. L'auteur a le sens de l'énigme et arrive à maintenir notre attention jusqu'à la résolution finale où l'on découvre enfin les dessous de l'histoire. ....
Son roman est une véritable réussite. Il figure d'ailleurs sur la liste du Goncourt. Et si ce prestigieux prix lui échappait, Karine Tuil peut être certaine qu'un autre lui sera attribué.
L'écho Rencontre avec Karine TUIL Propos receuillis par Pascal HEBERT
Jeudi 9 octobre 2008 La tribune de Lyon " Goncourable" "La quête de Karine Tuil sonne juste" Article de Vincent Raymond
2 octobre 2008 Interview de Karine Tuil par Gaspard Proust Fnaclive.com pour le Goncourt des lycéens
Mardi 30 septembre 2008 RTBF à 22h50 « Mille-feuilles » Emission présentée par Thierry Bellefroid.
En plateau, il s’entretiendra avec Karine Tuil pour son roman « La domination » (chez Grasset), Nathalie Kuperman qui publie « Petit déjeuner avec Mick Jagger » (chez l’Olivier), et Virginie Ollagnier pour « L'Incertain » (chez Liana Levi).
Lundi 29 septembre 2008 Filigranes.tv Coup de coeur présenté par Pascal
Dimanche 28 septembre 2008 La presse de la Manche Article d'Hubert LEMONNIER
"Un texte étrange et envoûtant. L'un des meilleurs romans de la rentrée sans aucun doute"
Samedi 27 septembre 2008 France 5 à 17h55 et 23h05 Emission présentée par Franz-Olivier GIESBERT
Invités: Nathalie Baye, Josiane Balasko, Nadine Morano, Karine Tuil
24 septembre 2008 Entretien de Karine TUIL pour le site EVENE.fr Propos recueillis par Mélanie Carpentier
Mardi 23 septembre 2008 Rencontre pour La Voix " une merveille de cynisme joyeux" Propos receuillis par Felicity Porter
22 septembre 2008 France 2 - Dans quelle étagère Emission de Monique ATLAN
21 septembre 2008 Salon du livre de Nancy - le livre sur la place (30 ème édition)
19 - 20 - 21 septembre 2008 LCI - Culturellement show Invitée de Michel Field
Vendredi 19 septembre 2008 Karine Tuil est l'invitée du journal télévisé de 13 heures de la RTBF (Belgique)
Jeudi 18 septembre 2008 Metro Les jeux de pistes de Karine Tuil
" Un habile tour de passe-passe littéraire pour une Karine Tuil plus habitée que jamais" Article de Marie Morizot
Lundi 15 septembre 2008 Europe 1 - Marie DRUCKER et Patrick COHEN
Pour écouter
Rencontre avec Karine Tuil pour auteurs.tv
Pour visualiser l'entretien
L'EXPRESS N° 2983 (semaine du 4 au 10 septembre)
"LE ROMAN DE KARINE TUIL FAIT JASER SAINT-GERMAIN DES PRES" La face cachée de l'éditeur par François Dufay
3 septembre 2008 Le quotidien
"Avec "La domination", Karine Tuil prouve une fois encore qu'elle est bien un écrivain de haut vol". C'est un petit chef-d'oeuvre de construction littéraire, avec récits enchâssés, mises en abime, pistes brouillées... Une grande et belle leçon d'écriture.
VSD N°1619 (du 3 au 9 septembre 2009)
Rentrée littéraire
Soeurs jumelles en écriture
A la recherche de l'identité perdue
Olivia Elkaim et Karine Tuil
ELLE 1 er septembre 2008 Article de Patrick Williams
Il est comment le nouveau Karine Tuil? Vertigineux
Lire la critique en entier
"Dans ce jeu de miroirs vertigineux, exact reflet de la vie, une chose demeure: le style, flamboyant, Karine Tuil maîtrise formidablement la langue. Et son écriture, comme un torrent impétueux, nous porte toujours plus loin, avant de nous déposer, éssouflés mais ravis, sur la dernière page du livre."
Samedi 30 août 2008 La liberté (Suisse) Ecrire l'autre, cet artifice introspectif par Jacques STERCHI
Karine Tuil part à la recherche du père énigmatique.
Ecrire l'autre. Imaginer une vieà partir de bribes.
Le procédé littéraire est connu. Mais la romancière lui donne vie de manière particulièrement virtuose.
Conversation avec Michel Field Rentrée littéraire 2008 avec Hachette
Voir la vidéo
Le Monde des Livres vendredi 29 août 2008 Critique d'Emilie Grangeray
"La domination", les secrets du caméléon
Doué en tout. Surtout pour brouiller les pistes. Deux identités. Deux pays. Deux cultures. Deux appartements. Deux vies. Et pourtant, un seul homme. Tel est le père de la narratrice du dernier et remarquable roman de Karine Tuil. Qui était cet ancien chef du service d'urologie d'un grand hôpital parisien, pionnier de la médecine humanitaire aux pulsions suicidaires, ce juif antisémite, ce champion de la morale qui fit cohabiter sous le même toit sa famille officielle - une femme issue de l'aristocratie catholique et leurs deux enfants - et l'officieuse - une jeune juive russe avec laquelle il aura eu deux garçons ?
C'est ce qu'essaie de savoir sa fille qui, pressée par un éditeur aussi mystérieux que pervers, tente d'écrire pour comprendre. Comprendre ce caméléon capable de s'adapter à n'importe quel milieu, et de "s'assimiler jusqu'à prendre l'apparence de l'Autre". Pour ce faire, elle se glisse dans la peau du fils qu'il aurait voulu avoir : "Je serai le mâle (...), la part d'ombre. Je serai la part juive, opaque, ténébreuse, virilisante." Adam (puisque c'est ainsi qu'il avait décidé de l'appeler) se met en quête de ses origines. Pourquoi avoir changé de nom, avoir préféré Lance à Lansky ? Par instinct de survie ? Honte ? Désir d'oubli ? D'assimilation ?
"SOUVIENS-TOI !"
Quels sont ces personnages qui, à force de vivre dans le déni et le secret, d'entretenir les illusions et de préserver on ne sait quelles apparences, finissent par se mentir à eux-mêmes ? "Nourris au lait noir de l'effacement, nous buvions les paroles de notre père (qui) avait passé sa vie à (...) dissimuler son identité", écrit Adam, s'interrogeant, dès lors, sur ce qu'il pouvait trouver à cette femme pas vraiment plus belle qu'une autre. Quel est ce lien qui les unissait, sinon celui avec un peuple, et avec son propre père, vieux Russe fou en train de mourir ? Mais jusqu'où peut-on aller dans la négation de son identité ? Jusqu'à ne plus savoir qui l'on est, comme le protagoniste d'Interdit (Plon, 2001), dans lequel Karine Tuil écrivait : "La mémoire est une vieille juive hystérique, tu lui dis de se taire, elle hurle encore plus fort, Souviens-toi !, Souviens-toi ! Tu n'as plus d'autre choix que de lui obéir."
La mémoire, le poids de l'histoire, la comédie sociale, les relations amour-haine (voir notamment Tout sur mon frère, Grasset, 2003) ont toujours habité les textes de Karine Tuil, mais la thématique première et principale reste la quête identitaire. Avec humour souvent, avec plus de gravité parfois comme dans Douce France (Grasset, 2007), ici avec douleur, elle dit les mensonges devenus trahisons. Quitte à troubler, à déranger, elle interroge la réalité, souvent plus ambitieuse que la fiction : "Nous pouvons bien la travestir (...), nous pouvons essayer de la rendre décente, elle se déshabille toujours pour nous montrer sa vérité."
Atmosphères septembre 2008 N°121
"Une virtuosité spectaculaire" Alexie Lorca
Parutions.com du 27 août 2008 Critique de Bruno Portesi
"Parricide(s)"
Karine Tuil a visé juste et livre, avec La Domination, un roman puissant, prenant… et délicieusement Rothien…
Un maelström identitaire envoûtant, tissant avec grande intelligence des thèmes aussi variés, et férocement littéraires, que le rapport au père, celui à un héritage difficile (la judéité) ou encore les affinités électives, le tout dans des ambiances intellectuelles où la littérature côtoie l´histoire et la politique…
Lire la critique
Métro France du 22 août 2008 Article de Marie Morizot
"Notre première sélection de la rentrée littéraire"
"Une lecture trouble, forte, serrée dans laquelle on se sent dominé, enferré dans les chimères d’une auteur qui réussit un beau tour de passe littéraire"
(Lire l'article)
Avant critique de LIvres Hebdo du 22 août 2008 par Véronique Rossignol
Manipulation en eaux troubles dans un roman psychologique de Karine Tuil situé dans le monde de l'édition.
Après un précédent roman social et dénonciateur; plutôt documentaire, autour des sans-papiers, Karine Tuil revient à des intrigues plus psychologiques en racontant une histoire de jeux de pouvoir dans le milieu de l'édition........ C'est aussi à travers ce prisme que judéité, assimilation, tyrannie des origines, culpabillité, refoulement identitaire, grands thèmes chers à la romancière, sont tissés plutôt habilement dans la trame du drame psychologique et de la peinture sociale.
(Article complet dans LIVRES HEBDO N°742)
Marie-France (septembre 2008)
Chonique de Patrick Poivre d'Arvor intitulé "Parfum de femmes"
"Le Nouvel Observateur " daté du jeudi 21 août 2008
Article de Sophie Delassein intitulé "Double jeu"
«Le désir d'être quelqu'un d'autre m'obsède», confesse Karine Tuil, dont les récits sont traversés de personnages à double ou triple vie. Elle est l'écrivain des apparences trompeuses et du secret. L'ambiguïté est à nouveau la reine du bal dans «la Domination», son septième roman. La narratrice : un écrivain, justement, dont les deux livres sont jusque-là passés inaperçus. Elle a entrepris d'écrire la vie de son père, le défunt Jacques Lansky, à l'invitation d'un éditeur légendaire. «Renoncez à être l'élève appliquée : écrivez !», ordonne le mentor. Pour mieux la manipuler, il la séduit. Et elle, Mlle Lansky, de peur de ne pas venir à bout de cet ouvrage, se mue, par la plume, en garçon, et devient Adam. Virtuose, Karine Tuil mène de front deux récits en un : celui d'Adam rédigeant les chapitres commandés et celui de la fille de Jacques Lansky, amoureuse de l'éditeur, découvrant des bouts de vérités sur un père qu'elle croyait connaître.
Chef de famille, médecin réputé, grand séducteur, juif honteux fustigeant le sionisme, Jacques Lansky fascine. Que sa maîtresse, une Russe qu'il fait passer pour son assistante, soit venue accoucher dans l'appartement familial fait finalement de lui un polygame ordinaire. «Je mens par amour, par lâcheté, par habitude, goût du secret», confiait-il à ses carnets. Il y a bien d'autres tiroirs à ouvrir après sa mort. D'ailleurs, quand sa fille ouvrira le dernier d'entre eux, on comprendra pourquoi l'éditeur voulait absolument ce livre.
Le récit porte sur les équivoques sexuelles mais surtout identitaires. «Jacques Lansky est un homme qui n'a pas su composer avec son identité», délibère l'auteur. Cela explique que le personnage central de son roman ait laissé, avant de se pendre dans son bureau, ce mot : «Je ne peux plus, pardon.» Karine Tuil, elle, démontre un art incomparable pour tenir son lecteur en haleine et dénouer les intrigues les plus complexes.
La boîte à sorties
Mise en abyme, mystères, faux-semblants, rumeurs sur le monde l’édition et sincérité d’une quête sont les éléments convaincants du dernier roman de Karine Tuil. (Lire la critique)
Doué en tout. Surtout pour brouiller les pistes. Deux identités. Deux pays. Deux cultures. Deux appartements. Deux vies. Et pourtant, un seul homme. Tel est le père de la narratrice du dernier et remarquable roman de Karine Tuil. Qui était cet ancien chef du service d'urologie d'un grand hôpital parisien, pionnier de la médecine humanitaire aux pulsions suicidaires, ce juif antisémite, ce champion de la morale qui fit cohabiter sous le même toit sa famille officielle - une femme issue de l'aristocratie catholique et leurs deux enfants - et l'officieuse - une jeune juive russe avec laquelle il aura eu deux garçons ?
C'est ce qu'essaie de savoir sa fille qui, pressée par un éditeur aussi mystérieux que pervers, tente d'écrire pour comprendre. Comprendre ce caméléon capable de s'adapter à n'importe quel milieu, et de "s'assimiler jusqu'à prendre l'apparence de l'Autre". Pour ce faire, elle se glisse dans la peau du fils qu'il aurait voulu avoir : "Je serai le mâle (...), la part d'ombre. Je serai la part juive, opaque, ténébreuse, virilisante." Adam (puisque c'est ainsi qu'il avait décidé de l'appeler) se met en quête de ses origines. Pourquoi avoir changé de nom, avoir préféré Lance à Lansky ? Par instinct de survie ? Honte ? Désir d'oubli ? D'assimilation ?
"SOUVIENS-TOI !"
Quels sont ces personnages qui, à force de vivre dans le déni et le secret, d'entretenir les illusions et de préserver on ne sait quelles apparences, finissent par se mentir à eux-mêmes ? "Nourris au lait noir de l'effacement, nous buvions les paroles de notre père (qui) avait passé sa vie à (...) dissimuler son identité", écrit Adam, s'interrogeant, dès lors, sur ce qu'il pouvait trouver à cette femme pas vraiment plus belle qu'une autre. Quel est ce lien qui les unissait, sinon celui avec un peuple, et avec son propre père, vieux Russe fou en train de mourir ? Mais jusqu'où peut-on aller dans la négation de son identité ? Jusqu'à ne plus savoir qui l'on est, comme le protagoniste d'Interdit (Plon, 2001), dans lequel Karine Tuil écrivait : "La mémoire est une vieille juive hystérique, tu lui dis de se taire, elle hurle encore plus fort, Souviens-toi !, Souviens-toi ! Tu n'as plus d'autre choix que de lui obéir."
La mémoire, le poids de l'histoire, la comédie sociale, les relations amour-haine (voir notamment Tout sur mon frère, Grasset, 2003) ont toujours habité les textes de Karine Tuil, mais la thématique première et principale reste la quête identitaire. Avec humour souvent, avec plus de gravité parfois comme dans Douce France (Grasset, 2007), ici avec douleur, elle dit les mensonges devenus trahisons. Quitte à troubler, à déranger, elle interroge la réalité, souvent plus ambitieuse que la fiction : "Nous pouvons bien la travestir (...), nous pouvons essayer de la rendre décente, elle se déshabille toujours pour nous montrer sa vérité."
Avant critique de LIvres Hebdo du 22 août 2008 par Véronique Rossignol Manipulation en eaux troubles dans un roman psychologique de Karine Tuil situé dans le monde de l'édition.
Après un précédent roman social et dénonciateur; plutôt documentaire, autour des sans-papiers, Karine Tuil revient à des intrigues plus psychologiques en racontant une histoire de jeux de pouvoir dans le milieu de l'édition........ C'est aussi à travers ce prisme que judéité, assimilation, tyrannie des origines, culpabillité, refoulement identitaire, grands thèmes chers à la romancière, sont tissés plutôt habilement dans la trame du drame psychologique et de la peinture sociale.
"Le Nouvel Observateur " daté du jeudi 21 août 2008 Article de Sophie Delassein intitulé "Double jeu"
«Le désir d'être quelqu'un d'autre m'obsède», confesse Karine Tuil, dont les récits sont traversés de personnages à double ou triple vie. Elle est l'écrivain des apparences trompeuses et du secret. L'ambiguïté est à nouveau la reine du bal dans «la Domination», son septième roman. La narratrice : un écrivain, justement, dont les deux livres sont jusque-là passés inaperçus. Elle a entrepris d'écrire la vie de son père, le défunt Jacques Lansky, à l'invitation d'un éditeur légendaire. «Renoncez à être l'élève appliquée : écrivez !», ordonne le mentor. Pour mieux la manipuler, il la séduit. Et elle, Mlle Lansky, de peur de ne pas venir à bout de cet ouvrage, se mue, par la plume, en garçon, et devient Adam. Virtuose, Karine Tuil mène de front deux récits en un : celui d'Adam rédigeant les chapitres commandés et celui de la fille de Jacques Lansky, amoureuse de l'éditeur, découvrant des bouts de vérités sur un père qu'elle croyait connaître. Chef de famille, médecin réputé, grand séducteur, juif honteux fustigeant le sionisme, Jacques Lansky fascine. Que sa maîtresse, une Russe qu'il fait passer pour son assistante, soit venue accoucher dans l'appartement familial fait finalement de lui un polygame ordinaire. «Je mens par amour, par lâcheté, par habitude, goût du secret», confiait-il à ses carnets. Il y a bien d'autres tiroirs à ouvrir après sa mort. D'ailleurs, quand sa fille ouvrira le dernier d'entre eux, on comprendra pourquoi l'éditeur voulait absolument ce livre. Le récit porte sur les équivoques sexuelles mais surtout identitaires. «Jacques Lansky est un homme qui n'a pas su composer avec son identité», délibère l'auteur. Cela explique que le personnage central de son roman ait laissé, avant de se pendre dans son bureau, ce mot : «Je ne peux plus, pardon.» Karine Tuil, elle, démontre un art incomparable pour tenir son lecteur en haleine et dénouer les intrigues les plus complexes.
Dimanche 14 septembre 2008 Le Journal du Dimanche "Trouble, ambigu, pervers, scandaleux." "La domination est une réussite. " "Son meilleur livre" Bernard Pivot de l'Académie Goncourt
Pour son septième roman, Karine Tuil a choisi un sujet casse-gueule. Son audace est récompensée. La Domination est une réussite. Son meilleur livre. Parce que, à l'image de ses personnages, il est ambigu, pervers, scandaleux. Surtout, parce que Karine Tuil possède aujourd'hui une maîtrise de l'écriture qui lui permet, tels les champions de canoë-kayak, de se faufiler entre les écueils et d'aborder tourbillons et remous avec une énergique habileté. La Domination est d'abord celle de l'écrivain sur son style.
La jeune narratrice a eu un père juif qui, comme certains portraits de Picasso, avait deux visages. Le premier, public, controversé, était celui d'un brillant urologue, pionnier de la médecine humanitaire, généreux, cultivé, qui avait choisi la Palestine contre Israël. Ses engagements et son livre (Israël, une histoire de domination) lui valaient soit de passer pour un homme courageux et exemplaire, soit d'être considéré comme un traître antisémite. Il y avait de l'exigence dans son attitude, du défi. De la morale aussi, alors que, rentré chez lui, il n'en avait plus aucune. Passe encore de satisfaire sans vergogne son goût immodéré pour les femmes des autres, mais imposer sa jeune maîtresse russe et leur enfant au domicile conjugal, à son épouse, à leurs trois enfants? Ce séducteur cynique avait fait "de l'errance sexuelle un substitut à l'exil juif". Il était impulsif et calculateur, coléreux et comploteur. Un grand artiste de la manipulation intellectuelle et sentimentale.
Comment la narratrice, qui a déjà publié des livres, ne se sentirait-elle pas invitée, après l'énigmatique suicide de son père, à se lancer dans son portrait? D'autant qu'elle y est poussée par "un grand éditeur": "Vous allez écrire ce livre et les gens vont l'adorer, vous savez pourquoi ? Parce que vous allez faire le portrait d'un juif amoral et que les gens en ont assez de la figure du juif élu, humain et responsable [...] Quel sujet! Votre père, l'icône humanitaire, marié à une chrétienne aux allures de sainte, le super-héros juif venu sauver le monde arabe, le grand bourgeois aux allures christiques, avait fait venir une Israélienne dans sa propre maison avant de repartir avec elle passer ses vieux jours sur les rives du Jourdain, où il finirait peut-être par marcher sur l'eau !"
Il est convaincant, l'éditeur, n'est-ce pas ? Ce livre, ce sera son dernier enjeu avant de prendre sa retraite. Lui-même juif, sa personnalité, sa renommée, sa culture, sa mémoire, son autorité sont impressionnantes. La jeune femme ne résiste pas au vieux séducteur. Elle se retrouve dans son lit et dans son programme. Il la bouscule et il l'encourage. Il l'humilie et il la délivre. Il lui est odieux et nécessaire. Elle l'aime. Lui aussi manipulateur, bonimenteur, flatteur, provocateur, il sait y faire. Peut-être tient-il particulièrement à ce livre sur ce médecin juif dont même les qualités étaient suspectes, parce qu'il se reconnaît dans ses manières sauvages de refuser les idées reçues, de piétiner l'intellectuellement correct, de jeter par-dessus bord les convenances et l'hypocrisie?
Et elle-même, n'est-elle pas subjuguée par l'éditeur parce qu'il lui rappelle quelqu'un, si proche et si mystérieux, dont elle était la fille intermittente avant d'en devenir la biographe ? Ou, plutôt, le romancier. Car elle a choisi d'écrire une fiction au masculin, comme si elle était le fils, le mâle, Adam, qu'il espérait quand elle est née. Façon déjà d'affirmer à la fois son refus de se laisser dominer et son désir de lui être posthumement agréable. Elevée dans l'ambiguïté, dans le clair-obscur, dans l'équivoque, elle s'y maintient et même s'y plonge encore plus à travers sa relation avec un éditeur pervers. Elle doit se montrer à la hauteur de l'un et de l'autre. N'être dupe ni de l'un ni de l'autre. Se servir de l'un pour mieux comprendre l'autre.
Jusqu'au jour où elle découvre, stupéfaite, atterrée, qu'ils ont été des amis intimes, que l'éditeur a peut-être été l'amant de sa mère - celle-ci le traite maintenant de "sale type" - et qu'il avait refusé de publier le livre scandaleux de son père. Ils n'auront cessé l'un et l'autre de l'égarer en brouillant les pistes.
C'est ce que fait également Karine Tuil avec le lecteur. La manipulation, la provocation, le trouble, elle sait aussi en jouer. Peut-être la fin du roman est-elle trop calculée et psychanalytique ? Mais c'est un juif, après tout, qui a inventé la psychanalyse.
PS - De quel éditeur Karine Tuil s'est-elle inspirée? se demande le Tout-Paris littéraire, c'est-à-dire la moitié du Flore et un quart de la Closerie des lilas. Je crois bien les connaître et n'en ai reconnu aucun. Ou, alors, tous!
"Trouble, ambigu, pervers, scandaleux." "La domination est une réussite. " "Son meilleur livre" Bernard Pivot de l'Académie Goncourt
Pour son septième roman, Karine Tuil a choisi un sujet casse-gueule. Son audace est récompensée. La Domination est une réussite. Son meilleur livre. Parce que, à l'image de ses personnages, il est ambigu, pervers, scandaleux. Surtout, parce que Karine Tuil possède aujourd'hui une maîtrise de l'écriture qui lui permet, tels les champions de canoë-kayak, de se faufiler entre les écueils et d'aborder tourbillons et remous avec une énergique habileté. La Domination est d'abord celle de l'écrivain sur son style.
La jeune narratrice a eu un père juif qui, comme certains portraits de Picasso, avait deux visages. Le premier, public, controversé, était celui d'un brillant urologue, pionnier de la médecine humanitaire, généreux, cultivé, qui avait choisi la Palestine contre Israël. Ses engagements et son livre (Israël, une histoire de domination) lui valaient soit de passer pour un homme courageux et exemplaire, soit d'être considéré comme un traître antisémite. Il y avait de l'exigence dans son attitude, du défi. De la morale aussi, alors que, rentré chez lui, il n'en avait plus aucune. Passe encore de satisfaire sans vergogne son goût immodéré pour les femmes des autres, mais imposer sa jeune maîtresse russe et leur enfant au domicile conjugal, à son épouse, à leurs trois enfants? Ce séducteur cynique avait fait "de l'errance sexuelle un substitut à l'exil juif". Il était impulsif et calculateur, coléreux et comploteur. Un grand artiste de la manipulation intellectuelle et sentimentale.
Comment la narratrice, qui a déjà publié des livres, ne se sentirait-elle pas invitée, après l'énigmatique suicide de son père, à se lancer dans son portrait? D'autant qu'elle y est poussée par "un grand éditeur": "Vous allez écrire ce livre et les gens vont l'adorer, vous savez pourquoi ? Parce que vous allez faire le portrait d'un juif amoral et que les gens en ont assez de la figure du juif élu, humain et responsable [...] Quel sujet! Votre père, l'icône humanitaire, marié à une chrétienne aux allures de sainte, le super-héros juif venu sauver le monde arabe, le grand bourgeois aux allures christiques, avait fait venir une Israélienne dans sa propre maison avant de repartir avec elle passer ses vieux jours sur les rives du Jourdain, où il finirait peut-être par marcher sur l'eau !"
Il est convaincant, l'éditeur, n'est-ce pas ? Ce livre, ce sera son dernier enjeu avant de prendre sa retraite. Lui-même juif, sa personnalité, sa renommée, sa culture, sa mémoire, son autorité sont impressionnantes. La jeune femme ne résiste pas au vieux séducteur. Elle se retrouve dans son lit et dans son programme. Il la bouscule et il l'encourage. Il l'humilie et il la délivre. Il lui est odieux et nécessaire. Elle l'aime. Lui aussi manipulateur, bonimenteur, flatteur, provocateur, il sait y faire. Peut-être tient-il particulièrement à ce livre sur ce médecin juif dont même les qualités étaient suspectes, parce qu'il se reconnaît dans ses manières sauvages de refuser les idées reçues, de piétiner l'intellectuellement correct, de jeter par-dessus bord les convenances et l'hypocrisie?
Et elle-même, n'est-elle pas subjuguée par l'éditeur parce qu'il lui rappelle quelqu'un, si proche et si mystérieux, dont elle était la fille intermittente avant d'en devenir la biographe ? Ou, plutôt, le romancier. Car elle a choisi d'écrire une fiction au masculin, comme si elle était le fils, le mâle, Adam, qu'il espérait quand elle est née. Façon déjà d'affirmer à la fois son refus de se laisser dominer et son désir de lui être posthumement agréable. Elevée dans l'ambiguïté, dans le clair-obscur, dans l'équivoque, elle s'y maintient et même s'y plonge encore plus à travers sa relation avec un éditeur pervers. Elle doit se montrer à la hauteur de l'un et de l'autre. N'être dupe ni de l'un ni de l'autre. Se servir de l'un pour mieux comprendre l'autre.
Jusqu'au jour où elle découvre, stupéfaite, atterrée, qu'ils ont été des amis intimes, que l'éditeur a peut-être été l'amant de sa mère - celle-ci le traite maintenant de "sale type" - et qu'il avait refusé de publier le livre scandaleux de son père. Ils n'auront cessé l'un et l'autre de l'égarer en brouillant les pistes.
C'est ce que fait également Karine Tuil avec le lecteur. La manipulation, la provocation, le trouble, elle sait aussi en jouer. Peut-être la fin du roman est-elle trop calculée et psychanalytique ? Mais c'est un juif, après tout, qui a inventé la psychanalyse.
PS - De quel éditeur Karine Tuil s'est-elle inspirée? se demande le Tout-Paris littéraire, c'est-à-dire la moitié du Flore et un quart de la Closerie des lilas. Je crois bien les connaître et n'en ai reconnu aucun. Ou, alors, tous!
Le point N° 1878 Article de Gilles PUDLOWSKI
"Karine Tuil sait jouer avec la noirceur, faire de la répulsion un atout, décrire une attirance / haine avec aisance. Et c'est cette facilité qui fait le poids et le prix de son récit...."
"On marche, on suit le mouvement sans se lasser et à la fin, on est piégé. Même si l'on se retient, on est tenté d'applaudir"
Le Soir Belgique- 5 septembre 2008 Les deux voix de Karine Tuil par Lucie CAUWE
"C'est un roman virtuose qu'orschestre Karine Tuil dans La domination. Un livre qui, comme ses précédents, tourne autour de la quête identitaire mais traite aussi du rapport de force qui peut s'installer entre les humains. Deux voix s'y élèvent en parallèle, contant plusieurs histoires, parfois identiques, parfois différentes. Ces textes s'imbriquent savamment l'un dans l'autre et constituent un livre fort, mais sensible, dont les phrases fluides et précises coulent harmonieusement".
Questions femmes Novembre 2008
" Un roman magnétique et fascinant ! "
Magazine Lire Novembre 2008
L'échange amoureux en mode vibreur
Trois romancières trentenaires racontent les intermittences du coeur.
Jalousie, désenchantement et inconstance Par Marion Cocquet
30 octobre 2008 L'express Le vif
Week end Belgique Entretien de Karine Tuil par Keren Elkaim
En lice pour plusieurs prix littéraires, Karine Tuil peut être fière de son roman La domination. Ses héros sont aussi doubles que les faces de dominos. A force de se livrer à un tango avec leurs sombres ombres, ils risquent de tout ébranler. Et ce, jusqu'à la dernière pièce... L'écrivain joue même la carte du masculin/féminin dans sa tenue, composée d'un costard noir et d'un chemisier à carreaux violet. Elle préfère néanmoins voiler sa vie privée pour privilégier les dualités de sa plume
L'OFFICIEL octobre 2008
Mensonge et trahison "le dernier et remarquable roman de Karine Tuil" par Emilie Grangeray
14 octobre 2008 TF1
"Au Field de la Nuit"
REGARDS (Belgique)
Revue du centre communautaire laic juif de Belgique
Karine Tuil manie habilement la plume, l’ironie et les sentiments.
Le double, la dualité ou la duplicité mensongère donnent à son nouveau roman un souffle inédit
FEMME ACTUELLE n° 1255 ( du 13 au 19 octobre 2008) Les démons de la domination par Brigitte Kernel
Ce roman est singulier par son thème et sa construction. L'auteur a le sens de l'énigme et arrive à maintenir notre attention jusqu'à la résolution finale où l'on découvre enfin les dessous de l'histoire. ....
Son roman est une véritable réussite. Il figure d'ailleurs sur la liste du Goncourt. Et si ce prestigieux prix lui échappait, Karine Tuil peut être certaine qu'un autre lui sera attribué.
L'écho Rencontre avec Karine TUIL Propos receuillis par Pascal HEBERT
Jeudi 9 octobre 2008 La tribune de Lyon " Goncourable" "La quête de Karine Tuil sonne juste" Article de Vincent Raymond
2 octobre 2008 Interview de Karine Tuil par Gaspard Proust Fnaclive.com pour le Goncourt des lycéens
Mardi 30 septembre 2008 RTBF à 22h50 « Mille-feuilles » Emission présentée par Thierry Bellefroid.
En plateau, il s’entretiendra avec Karine Tuil pour son roman « La domination » (chez Grasset), Nathalie Kuperman qui publie « Petit déjeuner avec Mick Jagger » (chez l’Olivier), et Virginie Ollagnier pour « L'Incertain » (chez Liana Levi).
Lundi 29 septembre 2008 Filigranes.tv Coup de coeur présenté par Pascal
Dimanche 28 septembre 2008 La presse de la Manche Article d'Hubert LEMONNIER
"Un texte étrange et envoûtant. L'un des meilleurs romans de la rentrée sans aucun doute"
Samedi 27 septembre 2008 France 5 à 17h55 et 23h05 Emission présentée par Franz-Olivier GIESBERT
Invités: Nathalie Baye, Josiane Balasko, Nadine Morano, Karine Tuil
24 septembre 2008 Entretien de Karine TUIL pour le site EVENE.fr Propos recueillis par Mélanie Carpentier
Mardi 23 septembre 2008 Rencontre pour La Voix " une merveille de cynisme joyeux" Propos receuillis par Felicity Porter
22 septembre 2008 France 2 - Dans quelle étagère Emission de Monique ATLAN
21 septembre 2008 Salon du livre de Nancy - le livre sur la place (30 ème édition)
19 - 20 - 21 septembre 2008 LCI - Culturellement show Invitée de Michel Field
Vendredi 19 septembre 2008 Karine Tuil est l'invitée du journal télévisé de 13 heures de la RTBF (Belgique)
Jeudi 18 septembre 2008 Metro Les jeux de pistes de Karine Tuil
" Un habile tour de passe-passe littéraire pour une Karine Tuil plus habitée que jamais" Article de Marie Morizot
Lundi 15 septembre 2008 Europe 1 - Marie DRUCKER et Patrick COHEN
Pour écouter
Rencontre avec Karine Tuil pour auteurs.tv
Pour visualiser l'entretien
L'EXPRESS N° 2983 (semaine du 4 au 10 septembre)
"LE ROMAN DE KARINE TUIL FAIT JASER SAINT-GERMAIN DES PRES" La face cachée de l'éditeur par François Dufay
3 septembre 2008 Le quotidien
"Avec "La domination", Karine Tuil prouve une fois encore qu'elle est bien un écrivain de haut vol". C'est un petit chef-d'oeuvre de construction littéraire, avec récits enchâssés, mises en abime, pistes brouillées... Une grande et belle leçon d'écriture.
VSD N°1619 (du 3 au 9 septembre 2009)
Rentrée littéraire
Soeurs jumelles en écriture
A la recherche de l'identité perdue
Olivia Elkaim et Karine Tuil
ELLE 1 er septembre 2008 Article de Patrick Williams
Il est comment le nouveau Karine Tuil? Vertigineux
Lire la critique en entier
"Dans ce jeu de miroirs vertigineux, exact reflet de la vie, une chose demeure: le style, flamboyant, Karine Tuil maîtrise formidablement la langue. Et son écriture, comme un torrent impétueux, nous porte toujours plus loin, avant de nous déposer, éssouflés mais ravis, sur la dernière page du livre."
Samedi 30 août 2008 La liberté (Suisse) Ecrire l'autre, cet artifice introspectif par Jacques STERCHI
Karine Tuil part à la recherche du père énigmatique.
Ecrire l'autre. Imaginer une vieà partir de bribes.
Le procédé littéraire est connu. Mais la romancière lui donne vie de manière particulièrement virtuose.
Conversation avec Michel Field Rentrée littéraire 2008 avec Hachette
Voir la vidéo
Le Monde des Livres vendredi 29 août 2008 Critique d'Emilie Grangeray
"La domination", les secrets du caméléon
Doué en tout. Surtout pour brouiller les pistes. Deux identités. Deux pays. Deux cultures. Deux appartements. Deux vies. Et pourtant, un seul homme. Tel est le père de la narratrice du dernier et remarquable roman de Karine Tuil. Qui était cet ancien chef du service d'urologie d'un grand hôpital parisien, pionnier de la médecine humanitaire aux pulsions suicidaires, ce juif antisémite, ce champion de la morale qui fit cohabiter sous le même toit sa famille officielle - une femme issue de l'aristocratie catholique et leurs deux enfants - et l'officieuse - une jeune juive russe avec laquelle il aura eu deux garçons ?
C'est ce qu'essaie de savoir sa fille qui, pressée par un éditeur aussi mystérieux que pervers, tente d'écrire pour comprendre. Comprendre ce caméléon capable de s'adapter à n'importe quel milieu, et de "s'assimiler jusqu'à prendre l'apparence de l'Autre". Pour ce faire, elle se glisse dans la peau du fils qu'il aurait voulu avoir : "Je serai le mâle (...), la part d'ombre. Je serai la part juive, opaque, ténébreuse, virilisante." Adam (puisque c'est ainsi qu'il avait décidé de l'appeler) se met en quête de ses origines. Pourquoi avoir changé de nom, avoir préféré Lance à Lansky ? Par instinct de survie ? Honte ? Désir d'oubli ? D'assimilation ?
"SOUVIENS-TOI !"
Quels sont ces personnages qui, à force de vivre dans le déni et le secret, d'entretenir les illusions et de préserver on ne sait quelles apparences, finissent par se mentir à eux-mêmes ? "Nourris au lait noir de l'effacement, nous buvions les paroles de notre père (qui) avait passé sa vie à (...) dissimuler son identité", écrit Adam, s'interrogeant, dès lors, sur ce qu'il pouvait trouver à cette femme pas vraiment plus belle qu'une autre. Quel est ce lien qui les unissait, sinon celui avec un peuple, et avec son propre père, vieux Russe fou en train de mourir ? Mais jusqu'où peut-on aller dans la négation de son identité ? Jusqu'à ne plus savoir qui l'on est, comme le protagoniste d'Interdit (Plon, 2001), dans lequel Karine Tuil écrivait : "La mémoire est une vieille juive hystérique, tu lui dis de se taire, elle hurle encore plus fort, Souviens-toi !, Souviens-toi ! Tu n'as plus d'autre choix que de lui obéir."
La mémoire, le poids de l'histoire, la comédie sociale, les relations amour-haine (voir notamment Tout sur mon frère, Grasset, 2003) ont toujours habité les textes de Karine Tuil, mais la thématique première et principale reste la quête identitaire. Avec humour souvent, avec plus de gravité parfois comme dans Douce France (Grasset, 2007), ici avec douleur, elle dit les mensonges devenus trahisons. Quitte à troubler, à déranger, elle interroge la réalité, souvent plus ambitieuse que la fiction : "Nous pouvons bien la travestir (...), nous pouvons essayer de la rendre décente, elle se déshabille toujours pour nous montrer sa vérité."
Atmosphères septembre 2008 N°121
"Une virtuosité spectaculaire" Alexie Lorca
Parutions.com du 27 août 2008 Critique de Bruno Portesi
"Parricide(s)"
Karine Tuil a visé juste et livre, avec La Domination, un roman puissant, prenant… et délicieusement Rothien…
Un maelström identitaire envoûtant, tissant avec grande intelligence des thèmes aussi variés, et férocement littéraires, que le rapport au père, celui à un héritage difficile (la judéité) ou encore les affinités électives, le tout dans des ambiances intellectuelles où la littérature côtoie l´histoire et la politique…
Lire la critique
Métro France du 22 août 2008 Article de Marie Morizot
"Notre première sélection de la rentrée littéraire"
"Une lecture trouble, forte, serrée dans laquelle on se sent dominé, enferré dans les chimères d’une auteur qui réussit un beau tour de passe littéraire"
(Lire l'article)
Avant critique de LIvres Hebdo du 22 août 2008 par Véronique Rossignol
Manipulation en eaux troubles dans un roman psychologique de Karine Tuil situé dans le monde de l'édition.
Après un précédent roman social et dénonciateur; plutôt documentaire, autour des sans-papiers, Karine Tuil revient à des intrigues plus psychologiques en racontant une histoire de jeux de pouvoir dans le milieu de l'édition........ C'est aussi à travers ce prisme que judéité, assimilation, tyrannie des origines, culpabillité, refoulement identitaire, grands thèmes chers à la romancière, sont tissés plutôt habilement dans la trame du drame psychologique et de la peinture sociale.
(Article complet dans LIVRES HEBDO N°742)
Marie-France (septembre 2008)
Chonique de Patrick Poivre d'Arvor intitulé "Parfum de femmes"
"Le Nouvel Observateur " daté du jeudi 21 août 2008
Article de Sophie Delassein intitulé "Double jeu"
«Le désir d'être quelqu'un d'autre m'obsède», confesse Karine Tuil, dont les récits sont traversés de personnages à double ou triple vie. Elle est l'écrivain des apparences trompeuses et du secret. L'ambiguïté est à nouveau la reine du bal dans «la Domination», son septième roman. La narratrice : un écrivain, justement, dont les deux livres sont jusque-là passés inaperçus. Elle a entrepris d'écrire la vie de son père, le défunt Jacques Lansky, à l'invitation d'un éditeur légendaire. «Renoncez à être l'élève appliquée : écrivez !», ordonne le mentor. Pour mieux la manipuler, il la séduit. Et elle, Mlle Lansky, de peur de ne pas venir à bout de cet ouvrage, se mue, par la plume, en garçon, et devient Adam. Virtuose, Karine Tuil mène de front deux récits en un : celui d'Adam rédigeant les chapitres commandés et celui de la fille de Jacques Lansky, amoureuse de l'éditeur, découvrant des bouts de vérités sur un père qu'elle croyait connaître.
Chef de famille, médecin réputé, grand séducteur, juif honteux fustigeant le sionisme, Jacques Lansky fascine. Que sa maîtresse, une Russe qu'il fait passer pour son assistante, soit venue accoucher dans l'appartement familial fait finalement de lui un polygame ordinaire. «Je mens par amour, par lâcheté, par habitude, goût du secret», confiait-il à ses carnets. Il y a bien d'autres tiroirs à ouvrir après sa mort. D'ailleurs, quand sa fille ouvrira le dernier d'entre eux, on comprendra pourquoi l'éditeur voulait absolument ce livre.
Le récit porte sur les équivoques sexuelles mais surtout identitaires. «Jacques Lansky est un homme qui n'a pas su composer avec son identité», délibère l'auteur. Cela explique que le personnage central de son roman ait laissé, avant de se pendre dans son bureau, ce mot : «Je ne peux plus, pardon.» Karine Tuil, elle, démontre un art incomparable pour tenir son lecteur en haleine et dénouer les intrigues les plus complexes.
La boîte à sorties
Mise en abyme, mystères, faux-semblants, rumeurs sur le monde l’édition et sincérité d’une quête sont les éléments convaincants du dernier roman de Karine Tuil. (Lire la critique)